La souffrance est l’expression d’une plainte, une douleur, une peur, une panique, une phobie, une tristesse ou encore une colère. A vrai dire, elle existe uniquement quand tu amplifie la douleur dans une certaine dimension émotionnelle qui peut-être qualifiée de « pathétique« . Peut-être est-ce là une manière d’attirer l’attention sur une petite partie de toi-même qui n’aurait pas été entendue et qui ne le sera peut-être jamais ?
Une raison à cela est le refus de la douleur et de la sensation qu’elle produit dans le corps. Cette énergie qui se diffuse devient alors une source de tension et de crispation là où en tant qu’être libre, tu peux accepter de la laisser être sans savoir de quel côté de la vie finira-t-elle par s’éteindre comme toute tempête finit par s’évanouir.
Une autre raison est peut-être celle d’un « tyran » ou « dictateur » intérieur. Celui qui estime que cette douleur ne devrait pas être. Et pourtant, elle est là, cette maudite douleur, cette blessure ouverte qui, d’après certains d’entre nous, empêche la vie d’être parfaite.
Il y a des jours où c’est tellement simple de la trouver que c’est comme trouver une aiguille dans une botte de foin…En vérité, c’est souvent l’autre qui la trouve pour te faciliter la tâche.
Tu maudis ces jours-là et tu entres alors dans la souffrance car tu ne veux pas de cette douleur. Parfois même, si tu ne trouve pas de douleur pour souffrir, peut-être alors trouveras-tu celle de quelqu’un d’autre à laquelle te rattacher pour souffrir avec. Ainsi, vous serez reliés par cette souffrance et vous l’amplifierez en créant des amitiés fidèles, des comités de soutien, des luttes « anti » et des nouvelles technologies pour vous éviter de vivre la douleur qui est là. Il est possible d’y consacrer des années, des décennies d’efforts sans se retourner jusqu’à ce qu’un jour, il y ait ce petit instant anodin qui comme par magie, fait réapparaître cette maudite douleur pour te rappeler à qui tu es.
Non, la vie ne s’acharne pas contre toi.
Au contraire, la vie vient à ta rencontre, elle vient t’embrasser au plus intime de ton âme et de ton corps pour accueillir cette douleur, la prendre dans tes bras et lui offrir l’espace d’être triste, en colère ou d’avoir peur. Dans cette intimité de toi, le mal est entendu et pleure alors toute les larmes de son corps, hurle sa rage, sa frustration, tremble ses terreurs, se déverse sans limites jusqu’à se perdre et se dissoudre tout en restant bercé dans les bras tranquilles et tendres de la paix.
A cet endroit en toi, la douleur et le mal rencontrent le bon et le bien et se réjouissent de leur réconciliation. Ainsi, l’un et l’autre peuvent s’offrir et s’épouser dans le mystère, dans l’intime et dans la joie de la paix.
